Notre démarche

Pourquoi avons-nous créé l’association Forêt Citoyenne ?

 

Tous les discours officiels ouvrant la concertation  sur la forêt rappellent et soulignent qu’elle détient trois fonctions :

_ une fonction écologique

_ une fonction économique

_ une fonction sociale

Bien que ces trois fonctions soient toutes légitimes à exister et être représentées, la politique française actuelle manque à soutenir une gestion équilibrée de nos forêts. En outre, en admettant ces fonctions équitablement prises en compte, comment garantir leur impartialité face aux lobbyings de la filière bois ?

 

Gérer actuellement une plantation d’arbres comme un champs céréalier revient à enfermer la notion de forêt dans un cadre la contraignant à devenir moins qu’elle.

 

Nous voyons ce cadre atrophier les processus écologiques, et les bienfaits sociaux des forêts. Quand ceux-ci sont sérieusement entamés, nous perdons leurs contrepoints régulateurs.

Le danger est de voir des écosystèmes forestiers matures et complets privés de leur droit d’exister, constamment éluder par de jeunes boisements uniformes et artificiels, dégradant au fil du temps la perception et la représentation que nous nous faisons tous de la forêt, et plus largement de la nature.

Ces champs d’arbres », dans lesquels l’espérance de vie de l’arbre descend de plus en plus en dessous de la vie humaine, constituent, pour les citoyens et nos régions, des surfaces perdant toute valeur paysagère et toute attractivité.

Aujourd’hui, de l’enseignement à la production, n’avons nous pas une inflexion particulièrement abusive vers cette tendance ?

Le début des années 2000 a vu en France une montée en puissance des connaissances en écologie forestière exprimées par de nombreux scientifiques-naturalistes, colloques, films et publications… Ce mouvement ne semble avoir enrayer l’écartèlement des initiatives entre quelques concessions allouées à la naturalité forestière, et la généralisation d’une production intensive déchargée de toutes préoccupations naturalistes et sociales.

Malgré un code forestier ayant perduré 7 siècles, à travers des régimes politiques très différents, et sans remise en cause majeure, c’est désormais le marché du bois qui semble dicter toute avancée face au droit, au risque d’enfreindre la respectabilité des fonctions écologiques et sociales de la forêt.

La réprobation citoyenne face à l’altération forestière en France est de notoriété publique. Elle s’est exprimée à maintes reprises face à l’accroissement des coupes rases, ou coupes à blanc. Il est toutefois dommage que ces citoyens alarmés orientent d’emblée leurs plaidoyers en sollicitant des experts écologues, des scientifiques et des ONG naturalistes, sans présenter des arguments se rapportant spécifiquement à la fonction sociale de la forêt. Ils en ont pourtant la très vive légitimité !

 

Cette situation tend à confirmer plusieurs faits :

_ Nombre d’arguments relevant de la fonction sociale de la forêt et des arbres sont insuffisamment entendus  et respectés par les élus et les acteurs décisionnels de la filière bois et de la forêt. Il y a toujours eu une tendance technocratique à dénigrer les points de vues sensibles au profit d’une rationalisation d’intérêts dissociant l’humain de la nature.

_ Le grand public, et une majorité considérable d’élus, ignorent spectaculairement tout ce qui peut épanouir le rapport humain/nature à travers une relation sensible de notre société à ses forêts !

_  Nous devons convenir que si la fonction sociale de la forêt a besoin d’une certaine qualité de paysage pour permettre à chacun de s’enraciner dans un territoire, de se ressourcer, de revivifier sa santé… il n’y a jamais eu de pôle culturel en France permettant de thésauriser toutes les connaissances s’y rapportant. De tous temps, les auteurs français qui se sont risqués à appréhender ce sujet ont eu à déplorer un exil de catacombe.

La conscience s’éveillant dans d’autres pays avec des succès littéraires traduits et très appuyés en promotion, renforce notre sentiment d’un absentéisme de l’État, des institutions françaises dans ces domaines. L’importance du sujet forêt ne pourra se suffire des modes et des buzz. La justesse de nos rapports avec la forêt nécessite davantage, une montée plus intime et continue des consciences.

 

Restaurer la sensibilité des décideurs en gestion forestière

Restaurer une intégration de la fonction sociale de la forêt par les pouvoirs publics:

 

On finit par confondre dans le débat public émotion et sensibilité.

Sauf peut-être en prémisse, du temps de l’Ecole de Barbizon, il est une sensibilité à la forêt au-delà de toute émotion qui n’a jamais été accueillie dans sa représentativité culturelle pour anticiper de manière créative et positive une gestion équilibrée et complète de nos forêts.

Nous constatons que la fonction économique de la forêt est représentée par l’Etat au ministère de l’agriculture.

Nous constatons dans une bien moindre mesure que la fonction écologique de la forêt est représentée par le ministère de l’écologie.

Nous déplorons que la fonction sociale de la forêt n’ait pas de représentativité ministérielle ! Autant dire qu’elle est abandonnée à elle-même…

Si par rapport à la fonction économique, la fonction sociale de la forêt était équitablement soutenue par l’Etat, alors elle deviendrait interministérielle. Aussi imaginerait-on une institution en interface avec les ministères de la santé, de l’éducation, de la culture, de l’écologie, des sports… pour en assurer la mission.

Pour pallier ce déficit de représentativité, nous nous sommes proposés de donner vie à une association.

Créer l’association Forêt Citoyenne, ce n’est que la première pierre posée sur le chemin d’une prise de conscience collective non assujettie aux rapports de forces…