Forêt Citoyenne : une entremetteuse

Marier

l’écosystème humain avec l’écosystème forestier

 

S’il y a eu en son temps un monsieur Océan avec J.Y. Cousteau, ou un monsieur Volcan avec H. Tazieff, les savoirs de la forêt aujourd’hui sont tellement foisonnants et évolutifs que pour les médias, une mascotte encyclopédique serait difficile à trouver en porte-parole de toutes les évolutions de conscience.  Dans ce contexte, nous avons créé Forêt Citoyenne  notamment pour répondre au débat sur un thème où nous constatons un manquement de représentativité : la sylviculture repensée à la lumière de sa fonction sociale, elle-même repensée à partir d’une révision des rapports humains/forêt à travers toutes les expériences sensibles recensées.

Le maintien des écosystèmes naturels, et l’exploitation des territoires en respect de leurs prédispositions à se déployer en écosystèmes, ne se constate qu’en rapport avec la capacité d’une société à se vivre comme « un écosystème humain » ; ce qui suppose des dynamiques interdisciplinaires d’éveils sensibles, de concertations, de maturations, de créativités, et de synergies.

A l’inverse une société très cloisonnée dans ses spécialités professionnelles, entre l’intellect et le sensible, entre les médias mondaines et l’expérience terrienne ; ou encore, très fracturée dans les niveaux d’échelle entre les pouvoirs technocratiques et la conscience de proximité des citoyens et des professionnels, produit des forêts très cloisonnées dans leurs fonctionnalités : ici des champs d’arbres aux étendues immenses, là une petite enclave de réserve naturelle intégrale, là un secteur qui « canalise » les touristes et les promeneurs.

Nous constatons en France, depuis des décennies, un cloisonnement des mentalités, un chacun pour soi, de la filière bois à la société civile, en passant par les élus, les ONG, les universitaires, les propriétaires, les scientifiques, les artistes, les thérapeutes… qui quand chacun s’exprime en parlant de « la forêt », fait que l’on ne parvient toujours pas à ouvrir une percée majeure sur le plan collectif dans l’art de la cohésion entre les écosystèmes forestiers et les écosystèmes humains.

Très souvent, nous avons ici ou là en France des évènements arborant le sujet forêt, avec des intervenants, s’ils sont prompts à parler en leur nom, oublient un peu vite, tout comme leur public, ceux qui ont pensé la forêt dans les générations passées… Ainsi, très souvent on reprend au point mort de la maturation le sujet forêt comme s’il n’y avait jamais eu de prédécesseur. Le fait que la forêt ait été lancée comme un sujet à la mode dans le monde des médias et de l’édition, ne doit jamais nous faire oublier que la forêt est un sujet dont on a notoirement défavorisé la propagation dans la culture française depuis la seconde guerre mondiale. Il faut que des influences nous viennent de l’étranger pour que nous soyons désinhibés de naître à nous-mêmes. C’est quand même triste quand nous avons un territoire enviable dont nous sommes en train de mal disposer.

Le fait qu’une culture de la forêt n’arrive pas à se déployer dans son interdisciplinarité fait qu’elle ne pérennise pas les avancées de sa maturation. Dès lors, les décisions  que les pouvoirs publics et privés prennent au sujet des forêts de nos territoires finissent par devenir anachroniques par rapport aux montées de conscience.

Aussi, c’est en vue de résorber ces freins comportementaux, de surcroît à l’heure d’un buzz forêt, que nous avons créer l’association Forêt Citoyenne. L’heure ne se suffit plus d’un militantisme par défaut, en contrecoup d’un manquement de médiatisation. Puissent nos voix se coupler entre lanceurs d’alerte et contre-propositions visionnaires. C’est sur cette ligne que nous voulons ouvrir l’avenir. Marier les écosystèmes humains aux écosystèmes forestiers : ce n’est pas uniquement nous libérer de profits trop hâtivement pensés au détriment du tout et du long terme. C’est ouvrir la porte à d’autres alternatives créatives plus favorables à la régulation du Vivant et à la montée d’un bonheur social.