Libérer la forêt de ses clivages

Eviter le syndrome de broceliandisation pour la forêt française

 

Qu’entendre par « brocéliandisation » d’une forêt ? :

Sous ce terme, il ne s’agit pas d’un jugement sur l’aspect mythique d’une culture liée à la forêt.

Il s’agit de constater un clivage spectaculaire entre le développement d’une culture associée à la forêt comprenant ses modes propres de fréquentation, et une sylviculture présentant un caractère très marqué d’incompatibilité. Dans ce genre de situation, nous voyons le commerce du bois et de la chasse, et le commerce touristique et culturel cohabiter dans des antagonismes avalés, où aucun n’assimile l’autre.

 

 

Il y a bien une topographie remarquable avec des schistes violacés inhabituels, des vallons de bocages reboisés, des charmes têtards, des parcelles feuillues de caractère avec des trous de minière… Toutefois même la composition arborée de ces fragments de paysages reste distincte de l’époque celtique à laquelle est associé l’imaginaire de Brocéliande. Mais outre ces quelques sites à la marge où le tourisme est bon an mal an canalisé, une grande partie de cette forêt est constituée de boisements intensifs en résineux avec des coupes rases où le public n’est pas convié.

Les naturalistes et les contemplatifs ayant fréquenté à d’autres bout de l’Europe des forêts naturelles, mesurent la violence de désuétude entre l’imaginaire de cette culture, et l’ambiance des lieux auxquels il est associé.

 

 

La forêt de Paimpont/Brocéliande n’est pas plus signifiante que beaucoup d’autres forêts françaises dans sa composition paysagère, et sa réputation internationale apparaît surfaite par rapport à l’état réel des lieux.

Il n’empêche à titre de référentiel, des parcelles classées en réserves naturelles, le devenant sur ce massif forestier plus au titre de réserves paysagères à valeur pédagogique, seraient pour le moins souhaitables… Dès lors, elles constitueraient des échantillons en  libre évolution de la forêt.

 

 

En quoi la brocéliandisation peut devenir un phénomène s’étendant à la forêt française ?

L’année 2018 a vu pleuvoir des publications sur la sylvothérapie et les bains de forêts. Grâce à une importation des idées et son buzz, il semble que l’on pourrait enfin renaître à ce sujet après être mort-nés une première fois dans la décennie 80, suite à un livre étoffé sur le thème, rédigé par l’ingénieur forestier Georges Plaisance, malheureusement français.

Sauf une émergence massive de consciences, nous pouvons prévoir une brocéliandisation de la sylvothérapie en France. Cela revient à voir une multiplication des stages cohabitant avec une sylviculture contrevenant aux paysages forestiers un tant soit peu compatibles avec les bains de forêt ! La brocéliandisation de la forêt française s’atteste déjà par le fait que beaucoup de médias parlent de sylvothérapie mais éludent les paysages de sylviculture lui étant formellement incompatibles.

Cela risque de terrer la sylvothérapie dans le développement personnel ; répertoire où le marché de l’édition trouve très bien son commerce, sans que jamais la sylvothérapie soit pensée au niveau d’un développement social.

N’étant pas pensée à l’échelon social, la sylvothérapie n’est pas en état d’influencer la sylviculture pour ne pas dégrader la qualité paysagère des forêts.   Par extension, nous manquons encore grandement d’un paysagisme rural et urbain œuvrant dans la même perspective à la faveur des arbres.

Les sylvothérapeutes semblent déjà bien partis pour ignorer leurs prédécesseurs avertis dans les milieux naturalistes, précisément sur ces questions. Ces naturalistes n’ont pourtant pas eu les sens bouchés au point de n’avoir jamais vécu ni relaté quelques expériences! Voire vécu des choses ayant pu aller au-delà… Il faudra quand même un jour que tout le monde se rencontre, et se mette en phase de conscience. C’est ce que nous voulons faire à Forêt Citoyenne !

Les PNR (Parcs Naturels Régionaux), les Parcs Nationaux, les forêts périurbaines, et autres lieux remarquables du point de vue de la topographie… constituent les lieux par excellence, où un mariage culture/forêt peut réellement améliorer la valeur patrimoniale des lieux en antidote du syndrome de brocéliandisation. A bon entendeurs, car à Forêt Citoyenne nous avons des expériences, du réseau, et des idées…