Le covid19 cache-t-il les maladies parasitaires qui atteignent aujourd’hui nos forêts ? Médiatiquement, cela ne fait aucun doute.
Notre association Forêt Citoyenne s’en inquiète compte-tenu qu’elle enjoint la meilleure optimisation possible dans la continuité de renouvellement des stades matures de forêt.
En effet, les stades matures des arbres permettent l’effet climatiseur des forêts périurbaines, leurs rôles de stations d’épuration de l’air, de puits de carbone… pour le dire scientifiquement aux moins contemplatifs de nos semblables.
Les stades matures de forêts permettent aussi une intériorisation des paysages quand la ville est éventée dans ses affaires, son agitation mentale, son trafic et son stress. Ils sont une alternative de décompression aux territoires urbains hyper-fonctionnalisés tout comme à l’oppression consumériste. Les stades matures de forêt ont une valeur sylvothérapeutique accrue indispensable à l’équilibre physique, psychique et mental des êtres humains et à l’évidence dans ce domaine, tout n’est pas encore exploré… Donc n’est pas estimé le choc en retour de ce que nous altérons.
Désormais, il faut savoir que le réchauffement climatique accélère les maladies des arbres. Il n’y a plus de gel hivernal durable comme autrefois pour juguler les attaques parasitaires. A l’inverse, les coupes rases sanitaires (CRS) renforcent l’effet canicule qui renchérit ces agressions.
On ne peut s’empêcher de penser qu’un prélèvement plus sélectif et progressif des arbres avec renouvellement eût mieux pondéré ce nouveau péril.
Lui même en désarroi, l’ONF n’a manifestement pas les moyens du défi : sous-effectifs, manque de lignes de crédit dédiées…
On fait venir en Île-de-France des sous-traitants de la coupe équipés d’abatteuses qui ne se dérangeront pas pour de petits chantiers quand des coupes sanitaires plus sélectives et chirurgicales avec régénération permanente sous ombrages auraient sans nul doute mieux amorti les effets de chaleur et la propagation des maladies.
On parle même de parcelles forestières pouvant tomber en « impasses sanitaires » au risque de ne pas pouvoir repartir en forêt. Sans doute cela serait à terme une occasion formidable pour libérer la place au BTP sous le feu vert d’élus dont la vision financière n’est pas du tout avisée de la gravité du phénomène en court. Ce scénario pourrait bien ne plus être de la fiction si un jour on nous apprend le démantèlement de l’ONF et la « balkanisation » des forêts domaniales.
Les grèves des transports suivies du covid et de ses confinements obligés ont précipité plus encore le mal-être des franciliens qui n’ont de solution qu’à fuir une densification urbaine déjà trop prégnante. Abusés par les chantiers, les citoyens souffraient déjà d’une surdensification dynamisée par la spéculation foncière faisant fi de la vivabilité des lieux. Ce n’est donc vraiment plus le moment pour la Région Île-de-France de négliger ses espaces verts à commencer par l’état des forêts domaniales. La société civile a très vivement de quoi s’inquiéter que ses élus ne s’inquiètent pas de l’état sanitaire des forêts péri-urbaines ! Aussi désirons-nous ne pas voir cette problématique éludée aux élections régionales de 2021.
On cherche désespérément où se trouvent les lignes de crédit dans une recherche en assistance sanitaire ne relevant pas de la CRS qui rappelle la saignée des médecins de Molière. Évidemment, on voudrait voir la solution provenir d’une science avisée des défenses immunitaires inhérentes à l’organisation symbiotique des espèces en évitant les effets secondaires de produits phytosanitaires. Aussi ces lignes enjoignent un appel ouvert aux compétences pouvant apporter leurs contributions aux solutions. Reste à souhaiter que nous n’ayons pas dans l’avenir un accroissement exponentiel du phénomène conduisant à une promiscuité conflictuelle des intérêts projetés sur les forêts. Car plus nous gérerons les problèmes en dérivation, plus demain nous vivrons de manière tendue notre immaturité collective et politique sur ces sujets.
Texte de Bernard Boisson
Photos Forêt Citoyenne
Pour en Savoir plus :
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- Les maladies sanitaires des arbres vues par le ministère de l’Agriculture
- A noter l’article L124-6 du code forestier précisant l’obligation de replanter dans un délai de 5 ans en l’absence d’une régénération ou reconstitution naturelle satisfaisante
- La maladie de l’encre sur le châtaignier vue par l’INRA
- Les Maladies sanitaires vues aux Assises Nationales de la Forêt
Témoignages vidéo sur la toile :
Interview de L’expert Louis Vallin évaluant des coupes sanitaires en forêt de Malmaison /Bois de Saint Cucufa :
Réactions de la population par rapport aux coupes sanitaires :